Sur mon exploitation laitière j’ai supprimé tous les intrants… le temps d’une journée

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Et si... on pouvait voir ce que ça faisait sur l'efficience économique et écologique d'une exploitation laitière de tout arrêter : l'irrigation, le maïs, les concentrés, etc. Expérience vécue.

On ne vous les présente plus, à Saint Bonnet le Château et au Dorlay, dans la Loire, des agriculteurs ont lancé des dynamiques de réflexion et de changement. 

D’abord axée matériel agricole, la réflexion a dérivé. Et après avoir essayé des prairies sur mesure pour chaque parcelle allant jusqu’à 14 espèces semées, Clémence Rauze, l’animatrice, et Emilie Ollion, l’intervenante, ont lancé un nouveau défi au groupe : arrêter tous les intrants. 

Le groupe l’a relevé lors de la formation « Quels impacts de la transition agroécologique sur l’efficience économique de mon exploitation ? ». 

1. Calcul de la rentabilité économique

Les agriculteurs ont calculé leur rentabilité économique actuelle. Des chiffres auxquels celles et ceux qui participent aux groupes d’échanges du contrôle laitier ont déjà été confrontés.

« Avec le groupe bio, on compare nos coûts de production. On échange, on partage et puis on sort de là et on est tous bien contents de nos chiffres mais ça ne va pas plus loin. »

2. Projection 0 intrant

Ils sont donc allés une étape plus loin. A l’aide de leur comptabilité et d’un modèle, ils se sont projetés dans une exploitation d’un futur sans intrant. 

Un agriculteur partageait : « On a décidé de faire cette modélisation parce qu’on s’est dit, avec les sécheresses qu’on a déjà et les sécheresses à venir, est-ce qu’on pourrait s’en sortir sans irrigation ? »

Pour un premier tour d’essai, les agricultrices ont pu calculer combien d’animaux pourraient être nourris si toutes les terres avaient un rendement de prairie permanente ancienne, non irrigées et sur des terres pauvres (là où les prairies sont actuellement), combien les vaches produiraient et quel serait l’impact sur l’efficience. Beaucoup étaient surpris de pouvoir se tirer un revenu. 

Mais Emilie Ollion les a alertés. « Faites attention : il y a les chiffres d’un côté et ce qui fait plaisir de l’autre. Ma contrainte, c’est que la personne se lève le matin. » 

Un des participants confirmait l’impact sur le plaisir au travail d’avoir supprimé les concentrés en pratique et son questionnement sur la stratégie à adopter. « Sur la ferme, au début, on ne devait rien donner. Au final, on a donné du soja et on optimisait bien. Après covid, avec l’envol des tarifs, on a arrêté. On a perdu 2000 L de lait par an par vache. Résultat, on n’avait plus envie de traire le soir. On en est arrivé à se dire « On va passer en monotraite parce que là, c’est plus possible de traire des mamelles molles ». Depuis que les cours sont redescendus, on donne deux seaux et ça optimise vraiment bien. Alors aujourd’hui on se demande quelle direction prendre. »

3. Adapter le système pour se faire plaisir

Pour optimiser son système et s’y sentir bien, les agriculteurs ont donc pu reprendre la simulation pour changer des éléments. 

Pour une ferme la simulation tout herbe induisait une production de 3600 L / vache au lieu de 7633 L / vache en réduisant le cheptel de 10 animaux. Avec plus de transformation du lait, l’exploitation devenait plus efficiente économiquement et écologiquement.

–> Les agriculteurs se projetent en adaptant ce scénario. Ils pensent garder les quelques parcelles irrigables en maïs pour maintenir 75 vaches à 4000 L / VL et passer en monotraite. Le temps dégagé permettra d’assurer une plus grande part de transformation. Ainsi, ils répondent aux objectifs de se libérer du temps et de la charge mentale, d’anticiper les évolutions climatiques et de maîtriser la valorisation des produits. 

Une journée riche en questionnements, où les réponses sont à adapter à chacun. Modèle en main, les agriculteurs pourront tester d’autres systèmes pour en trouver un qui correspond. 

Si vous voulez vous projeter, n’hésitez pas à faire appel à Sabrina.caldies@cuma.fr pour programmer la formation pour vous.