Diversité et qualité des fourrages à la CUMA des 4 saisons
Publié le
Dans une année abondante comme 2024, le graal des éleveurs laitiers est la qualité des fourrages, mais quels sont les autres indicateurs à regarder avant de choisir un itinéraire technique qui nous oriente vers un super fourrage ?
C’est un projet financé par Danone et piloté par la FRCUMA AuRA, qui a fait intervenir le 25 juin 2024, Biosphères et la FDCUMA du Rhône auprès des agriculteurs du GIEE des 4 saisons et du Groupe pilote « Régénération des sols ».
L’objectif : Se baser sur leurs analyses de fourrage du printemps pour réfléchir au système fourrager que chacun met en place et son impact sur les animaux, les finances et le sol.
Le projet Les 2 Pieds sur Terre a permis le financement de 22 analyses chimiques de fourrages. Les fourrages analysés étaient diversifiés telles des prairies temporaires ou permanentes ou des méteils. En effet, les analyses infrarouges, moins coûteuses, que les agriculteurs commandent habituellement, permettent de caractériser seulement les mélanges de trois espèces maximum.
Les agriculteurs avaient deux possibilités :
– caractériser un mélange diversifié afin d’en connaître la qualité.
– essayer une pratique de réduction des intrants ou de valorisation du fourrage pour savoir si ça impactait la qualité.
Lors de la restitution, la réflexion ne tournait pas seulement autour de la qualité du fourrage mais aussi autour de ce que ce fourrage impliquait sur le système. Les indicateurs regardés étaient la perturbation du sol (STIR), la rotation et le rendement de chaque culture, ce que l’agriculteur donne à manger à son sol (Bilan humique), l’équilibre de la ration des animaux, les intrants consommés (gazole, engrais, produits phytosanitaires etc.) et leur potentielle toxicité.
Illustration par la réflexion autour du cas d’agriculteurs ayant des prairies temporaires riches en légumineuses
A Haute Rivoire, plusieurs systèmes en agriculture biologique, limités en intrants azotés, ont des prairies temporaires qui tendent à être riches en légumineuses. Le fourrage est riche en azote et pauvre en sucre (dominance de luzerne chez un agriculteur). Or, avoir une bonne alimentation, aussi riche en énergie qu’en protéine permet des gains en reproduction, d’éviter les boiteries, d’avoir des vaches en état…
Un agriculteur témoigne : « J’étais tellement parti loin des UF *que la fermentation du silo d’ensilage n’était pas bonne, et la condition des animaux se dégradait. Je veux réintroduire plus d’énergie [céréales, fourrages riches en sucres] dans mon système. »
*Unité Fourragère = quantité de sucre dans le fourrage au produit des protéines]
Avec l’objectif d’avoir plus d’énergie dans le système, cet agriculteur partage son idée de raccourcir la rotation sur ses parcelles irriguées pour être plus autonome en céréales. Il souhaite passer d’une rotation « prairie temporaire 5ans – maïs – céréale » à « prairie temporaire 18 mois – maïs – céréale ». Les critères précédemment mentionnés sont alors étudiés :
– Sur une rotation « prairie temporaire 18 mois – maïs – céréale », si la céréale est semée en direct derrière le maïs, puis un trèfle (qui sera sursemé ensuite) semé dans la céréale, la perturbation du sol est minime et le bilan humique avec la couverture presque permanente baisse seulement d’une tonne par rapport à la rotation de 7 ans. La qualité des fourrages autre que la céréale peut, de plus, être excellente. Un agriculteur donnait l’exemple de son trèfle blanc géant sous couvert de céréale irriguée d’une qualité de 0,99 UF et plus de 20 Matière Azotée Totale (MAT). Cette option est donc envisageable au regard de la vie des sols.
Cette rotation sur la partie irriguée de l’exploitation peut permettre de concentrer la production de céréales sur ces parcelles avec un rendement amélioré afin d’optimiser les parcelles non irriguées avec des prairies et de ne pas les retourner.
Une autre option soulevée par le groupe est d’acheter la céréale provenant de zones du territoire où il est plus facile de la cultiver.
En plus de l’option des céréales qui semble bonne s’il est possible d’irriguer, plusieurs leviers ont été mentionnés pour augmenter la valeur de l’UF (unité fourragère) d’une prairie temporaire :
- Faucher plus tôt pour obtenir un gain de valeur (MAT, UF) qui peut faire économiser 500g de céréale sur la ration d’hiver.
- Sursemer des graminées dans une parcelle riche en légumineuses pour amplifier l’effet du point précédent.
- Un agriculteur est reparti avec l’idée d’introduire plus de mélanges de type « St Marcellin » pour avoir des prairies plus riches en graminées.
A suivre dans le groupe :
- Optimiser l’apport d’azote et augmenter la part de légumineuses dans le système ray-grass d’un membre du groupe
- Voir ce que donnent les mélanges St Marcellin pour augmenter le taux de sucre du fourrage
- Changer de composition de méteil vers des graminées qui épient plus tard dans la saison et récolter tôt
- Quel matériel pour épandre en moyenne montagne en perdant moins d’azote par volatilisation ?
- Voyage d’étude dans la Drôme (ACS, bovin laitier en zone séchante, hydrologie régénérative)