Comment une analyse de sol peut-elle aider à prendre de meilleures décisions ?

  • Agroécologie
  • Changement de pratiques
  • Elevage
  • GIEE

Publié le

A St-Bonnet-le-Château, les agriculteurs du GIEE commencent à connaître le fonctionnement du sol. Le 12 avril, ils passaient à l'étape suivante : savoir quoi faire pour maximiser le potentiel d'une parcelle à partir d'une analyse de sol.

Le 12 avril 2024, la FRCUMA AuRA organisait une formation avec Quentin Pignol, conseiller autonome en Haute-Loire, dans le cadre du GIEE de Saint-Bonnet-le-Château. Pas n’importe laquelle puisqu’un des agriculteurs l’a caractérisée comme « la meilleure formation qu’il ait eue dans le GIEE ». Autrement dit, après tous les apprentissages et les remises en questions précédentes, c’était la cerise sur le gâteau.

La formation avait trois objectifs dont l’un d’eux était de comprendre son analyse de sol pour savoir quelles actions prévoir (chaulage, apport d’engrais, choix des variétés, etc.). Cet article vous présente les étapes qui ont permis aux agriculteurs de comprendre leurs analyses de sol. Pour que ce soit concret, les étapes sont illustrées par l’analyse de sol d’une parcelle du groupe.

1e étape – Savoir de quoi son sol est composé pour avoir une idée de son comportement, des plantes adaptées et de son potentiel de matière organique.

Le sol étudié est composé de 73% de sable ce qui en fait un sol de type « sable » caractérisé comme difficile. Il aura à la fois des contraintes, puisqu’il sera séchant, et des avantages, ceux d’être filtrant, chaud et précoce. La parcelle a du potentiel au printemps mais pas en été : mettre une culture qui s’exprime au printemps et qui n’a pas de forts besoins en été comme le dactyle par exemple.

La quantité de matière organique (MO) que pourra contenir ce sol dépend de sa composition (voir diagramme de l’étape n°3)

2e étape – Connaître son pH pour savoir quel type d’amendement calcaire est nécessaire et utile

Le pH influence l’assimilabilité des éléments nutritifs du sol par les plantes. La plage de Ph idéale se situe entre 6 et 6,3, là où l’azote, le potassium, le phosphate sont disponibles. Le prélèvement doit se faire à la même époque et en prenant un nombre suffisant d’échantillons dans un rond de 10m ou une diagonale homogène dans la parcelle.

Dans l’analyse, le pH est de 5,5. Ce n’est pas inquiétant puisque c’est une parcelle de bois de conifère qui vient d’être remise en culture. Des chaulages de correction puis d’entretien aideront à optimiser le potentiel du sol. En revanche, si le pH augmentait, il serait possible de mettre de la luzerne.

La rapidité et la puissance d’action sont des critères de choix importants, en prêtant attention à l’impact sur la vie du sol et à l’impact sur la volatilisation de l’azote en le mélangeant à un apport. Plus d’infos ici.

3e étape – Avoir une idée de l’historique de la parcelle pour comprendre les niveaux de matière organique. Croiser ce regard au rapport carbone / azote (C/N)

Le taux de Matière Organique (MO) devra être jugé selon la composition du sol et le taux de calcaire. Dans le sol analysé, il n’y a pas de calcaire, le diagramme ci-après suffit donc à évaluer le niveau de MO.

Ici le taux est de 5,2 (52,4 g/kg). La forêt en place il y a 3 ans explique ce taux très élevé. En regardant le rapport de la teneur en carbone par rapport à la teneur en azote du sol (C/N), on peut ensuite savoir si cette matière organique évolue à un bon rythme.

Ici le C/N est de 18, la valeur limite au-dessus de laquelle on dit que la MO est bloquée, elle est stockée et n’est pas accessible pour nourrir la vie du sol. Ici, il serait intéressant d’aérer le sol pour relancer une dynamique de minéralisation pour nourrir la vie du sol et relancer une bonne dynamique de C/N (entre 10 et 12).

4e étape – Analyser les niveaux d’azote et de phosphore dans le sol pour savoir s’il y a besoin d’apports d’engrais.

L’azote dans la parcelle en question est de 1,67g/kg, entre 1 et 2,5g/kg, le sol est moyennement pourvu. En dessous, il est pauvre, au-dessus, il est bien pourvu.

Constat – Beaucoup de MO mais teneur en azote à améliorer.

Questionnement – Qu’est-ce que j’ai chez moi sous forme d’azote assez disponible, sans amener trop de MO (donc des C/N assez bas) ?

Ici… plutôt du lisier et surtout pas du fumier frais à la limite du fumier composté. Il sera vraiment bénéfique de remettre des légumineuses pour apporter de l’azote et de la MO disponible pour la vie du sol pour recréer une dynamique. Ne pas mettre de culture gourmande en azote pour le moment, préférer de l’orge à du maïs.

Faire la méthode du bilan pour préciser les besoins d’une parcelle selon la culture qui sera en place et le rendement espéré. Par ici pour tout comprendre.

→ Au final, la vision globale de la parcelle permet de savoir :

– Quelles espèces on doit semer préférablement

– Si on a besoin de chauler et avec quoi, puis de calculer en quelle quantité.

– Si la dynamique du sol est bonne et si on doit continuer les pratiques telles quelles ou les changer (aérer plus, ou moins).

– Si le sol a besoin d’être nourri et avec quoi : des apports qui apportent de la MO et des éléments fertilisants sur le long terme (compost), le moyen terme (fumier) ou le court terme (de la MO fraiche tels des couverts végétaux) ou un apport d’éléments fertilisants avec un apport de MO limité (lisier).